Manuels numériques et i-manuels : le poids des manuels papier

20 Déc

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Si les manuels scolaires papier continuent à régner en maître dans les salles de classe, de nombreux éditeurs (Nathan, Bordas, Hachette) proposent leur version numérique.
On peut parler de version numérique, et non pas de transformation numérique, en raison du caractère homothétique des manuels numériques.
Homothétique signifie qu’ils sont une copie conforme des versions papier : même structuration en pages, même découpage en chapitres ou parties, même organisation des pages, mêmes illustrations, mêmes habillages graphiques…
Homothétique signifie qu’il n’y a ni réécriture, ni réorientation ou bouleversement didactique, ni nouvelle scénarisation.
Homothétique signifie, puisqu’on ne touche pas à la structure et au contenu des versions papiers, que les versions numériques enrichissent marginalement (au sens de « à côté », pas au sens d’« insignifiant »), mais ne révolutionnent aucunement.
Précisément, les manuels numériques prolongent ou accroissent les manuels papier d’au moins cinq façons, en proposant :

– des ressources multimédias (audio, vidéo, animations) ;
– des quiz interactifs ;
– un système de recherche avancée ;
– des aides à lecture ou à l’observation : effet de zoom, ouverture en popup…
– un système d’annotation (surlignage par exemple) ;
– une navigation améliorée.

Qu’il y ait ainsi prolongement, enrichissement de l’existant, continuité et non pas rupture, facilite assurément la tâche des différents acteurs. La continuité éditoriale facilite celle des éditeurs et des auteurs, la continuité didactique celle des enseignants et des élèves. On notera aussi une continuité technique à laquelle on ne s’attend pas forcément : les applications (on pense ici à InDesign de la suite Adobe Creative Cloud) servant à créer le manuel papier servant aussi à intégrer ses prolongements numériques, soit nativement, soit par le biais d’extensions.
L’enrichissement numérique, c’est aussi l’intégration dans le manuel d’activités pédagogiques impossibles dans la version papier – par exemple la consultation d’une vidéo ou la réalisation d’un quiz avec rétroactions – et qui requièrent des dispositifs techniques ou la présence de l’enseignant. Le manuel numérique devient ainsi une vraie ressource d’autoformation, davantage que ne peut l’être le manuel papier, qui permet à l’élève de réviser seul ses leçons.

A côté des manuels numériques, homothétiques des manuels papier et enrichis marginalement, apparaissent aujourd’hui ce qu’on peut appeler des i-manuels, du nom d’un produit proposé par l’éditeur Nathan.
Un i-manuel se caractérise par un certain nombre de services en ligne autour du manuel papier ou de sa version numérique. Par exemple, chez Nathan, l’enseignant peut créer des classes, inscrire des élèves, mettre à leur disposition ses propres ressources. Les élèves peuvent réaliser des travaux et l’enseignant peut les évaluer. Les ressources déposées viennent prendre place dans une arborescence correspondant au programme scolaire du manuel papier. Le i-manuel se présente ainsi comme un site WEB dans lequel la copie homothétique du manuel papier est une ressource parmi d’autres. Il forme aussi comme un petit LMS (Learning Management System), aux fonctionnalités certes réduites et qui ne sauraient, bien sûr, suffire aux besoins d’un véritable dispositif de formation à distance.
Mais, d’une manière générale, quels que soient les services proposés, les i-manuels, tout comme les manuels numériques, restent sous l’emprise des manuels papier, de leur découpage, de leur approche didactique et pédagogique. Bref, le numérique ne révolutionne pas les manuels scolaires autant que les écritures, les scénarisations pour le Web (on pense ici aux webdocumentaires) pourraient laisser l’espérer.

Jean-Yves Loiget – Consultant Stratice
Crédit photo : Pixabay


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