Moodle Global – Édition 2022
l’édition 2022 du Moodle Global se tiendra à Barcelone 27 au 29 septembre.
À l’instar des MoodleMoot francophones (l’édition 2022 s’est déroulée à Caen), l’événement n’est pas uniquement un rassemblement de développeurs, mais réunit des administrateurs, des enseignants, des formateurs, et croise finement technologies, préoccupations pédagogiques, pratiques d’enseignement, méthodes d’apprentissage, exigences liées à l’accessibilité, à la standardisation et à l’interopérabilité.
Le retour de la distance dans le supérieur ?
Après la COVID 19 et ses confinements successifs, la crise énergétique va-t-elle marquer le retour en force de la distance dans les établissements d’enseignement supérieur ?
L’université de Strasbourg annonce une semaine de cours à distance en février prochain. La mesure est condamnée par des syndicats vent debout, et même par la ministre de l’Enseignement supérieur qui « a exhorté à ne pas revenir à l’enseignement à distance pour réduire les coûts de chauffage » (Le Monde, 21 septembre 2022).
Cette condamnation traduit le traumatisme qu’ont vécu de nombreux étudiants et enseignants, lorsque les échanges et la transmission des connaissances, les évaluations sont passés exclusivement par le canal de classes virtuelles Zoom, Teams, Meets, ou d’espaces de cours dans Moodle. Elle montre aussi et surtout qu’aucune leçon n’a été tirée pour rendre à la fois plus efficaces et moins déshumanisantes ces technologies.
Elle va à l’encontre des expériences réussies de nombreux diplômes tout ou partie à distance que proposent les universités françaises.
Les philosophes et le Métavers
Nathan Devers, philosophe et chroniqueur, signe un roman, les Liens artificiels, où le héros trouve une échappatoire à sa déprime en plongeant dans le monde virtuel (créé par le français Adrien Sterner).
Dans les interviews qu’il donne, Nathan Devers rappelle que son roman n’est ni une charge contre le Métavers (comme on aurait pu s’y attendre), ni un plaidoyer naïf.
Le point de vue des philosophes est intéressant, dans la mesure où, pour certains courants de pensée (idéalisme), le monde qui nous entoure n’est qu’une construction de l’esprit et de la perception. De quoi dédramatiser radicalement le Métavers, puisque nous habitons déjà un monde virtuel, construit non pas avec des algorithmes et des casques de réalité virtuelle, mais avec, selon les différentes théories, nos sens, notre conscience, notre raison, notre langage.
Bien sûr, tout cela reste spéculatif. Que répondre au candide qui pose la question-« si dans le Metavers, je me cogne à un mur, est-ce que j’ai mal à la tête ? »
Apprendre avec les technologies immersives
Le 15 septembre, l’université de Nantes proposait une journée intitulée « Métavers : Apprendre demain avec les technologies immersives », dans le cadre de la Nantes Digital Week.
Belle occasion de prendre du recul sur la Réalité Virtuelle/ augmentée, de confronter les points de vue de chercheurs, d’entreprises qui développent des univers 3D, de pédagogues qui les utilisent dans leurs cours, d’architectes et d’artistes qui réinventent la vie dans un métavers.
Quelques constats :
1/ Le terme métavers est très controversé : c’est un terme générique pour parler de tous les mondes 3D virtuels en développement, il est phagocyté par Facebook, oh pardon ! Méta. Du coup, quand on l’utilise, on ne sait pas trop ce qu’il désigne. Le monde du numérique se l’approprie et chacun y associe son produit, son service, sa valeur ajoutée. Il provoque de l’intérêt, de l’envie, du rejet et aussi beaucoup de peur.
2/ Si les mondes virtuels nous tombent dessus de multiples façons (publicité pour investir dans l’immobilier virtuel, annonces d’entreprises créant leur premier show room en 3D, moult articles et émissions télé), des enseignants chercheurs, eux, se posent une question fondamentale : « Notre vie dans le virtuel ressemble-t-elle à celle de notre quotidien ? ». Eh bien, il semblerait que non.
Il y a une extension du domaine des possibles : on peut apparaitre sous les traits d’un ou d’une autre, on peut voler, se coucher au milieu d’une pièce…, ce qui pose des questions d’éthique, d’interactions sociales.
3/ Il ne faut donc pas simplement transposer notre univers réel dans les univers virtuels, mais le réinventer : nouveaux usages, nouvelles règles (à l’instar de ce qu’on a pu faire lorsque le e-learning est apparu). D’où l’émergence de nouveaux métiers comme Architecte du virtuel.
Un exemple de cette réinvention avec cet enseignant en biologie, qui teste la réalisation de TP en réalité virtuelle :
« S’il n’est pas évident de manipuler des objets avec des manettes de RV, l’immersif c’est très bien pour montrer des réactions chimiques, pour acquérir des réflexes, revoir des procédures. » Et d’ajouter : « tout cela doit être encadré, pensé pédagogiquement, de manière à ce que l’étudiant crée de cette expérience une connaissance à long terme. »
4/ Et la sobriété numérique dans tout cela ? Question schizophrénique, mais qui a le mérite d’être posée. Tout le monde s’accorde à dire « on ne sait pas, on fait des essais ». Sur quoi ? On évoque un codage vertueux, un recyclage de l’énergie produite par les datacenters, rien de très nouveau. Peut-être, cette explosion à venir de mondes virtuels va-t-elle réveiller encore plus nos consciences et nous oblige !