De l’importance de scénariser les formations multimodales

21 Déc

Calendrier du 21 décembre 2021
par Isabelle Langouët
, STRATICE

Scénariser ses formations n’est pas un exercice nouveau, me direz-vous. Ecrire la manière dont va se dérouler sa formation ou du moins imaginer chacun dans sa tête comment va se dérouler sa prochaine heure de session synchrone devant des têtes –qui normalement sont- pensantes, n’est pas arrivé avec les formations multimodales. 

En revanche, ce qui est arrivé avec les formations multimodales, c’est la nécessité absolue pour un organisme de formation de penser une ingénierie de formation cohérente au niveau de sa stratégie de multimodalité et donc de faire descendre cette stratégie globale sur une stratégie d’ingénierie pédagogique. 

Au cœur de la multimodalité, les acteurs de la formation doivent concevoir des formations articulant  savamment des modalités, des activités pédagogiques, des ressources pédagogiques, des outils numériques divers et variés. On apprend autrement. On forme autrement. Il ne suffit plus de se mettre devant son public pour former, pour remplir les vases. Pour allumer les feux (« Éduquer, ce n’est pas remplir des vases mais c’est allumer des feux », Michel de Montaigne), il faut expérimenter des pratiques différentes. 

Plus ou moins naturellement, les formateurs doivent intégrer des modalités, des activités pédagogiques et des outils qu’ils n’ont pas l’habitude d’utiliser dans leur ingénierie pédagogique. 

En effet, on a bien compris que tous les formateurs ne seraient pas capables de réinventer eux-mêmes leur pratiques et leurs activités pédagogiques et qu’ils n’auraient d’autres choix que de transposer ce qu’ils faisaient en salle de classe habituellement – sans préjuger de la qualité de ce qu’ils faisaient dans cette classe.  C’était l’époque où tout le monde était maître de son savoir et maître de sa pédagogie. 

Or, Au cœur de la multimodalité, les acteurs de la formation doivent dorénavant concevoir des formations construites autour de nouvelles modalités, d’activités pédagogiques innovantes, des ressources pédagogiques aux formats variés, des outils numériques high tech. 

Petit à petit, scénariser les formations s’est donc imposé comme étant une étape obligatoire, plus longue et plus complexe dans le processus d’ingénierie pédagogique qui parfois n’est même plus le travail du formateur – animateur lui-même mais celui d’un ingénieur pédagogique. 

En co-conception avec le formateur et l’expert métier, l’ingénieur pédagogique fait un véritable travail de mise en scène avec les modalités, les formateurs et les apprenants, les ressources pédagogiques, les outils, le matériel, le temps, etc. en insufflant des pratiques pédagogiques inhabituelles et en mettant en place (en les accompagnant auprès des formateurs) des modalités innovantes. Que l’ingénieur pédagogique soit le formateur qui va animer la formation ou pas, il doit travailler sur le jeu des acteurs (différentes postures pour le formateur et pour l’apprenant pour éviter la passivité et développer l’engagement de l’apprenant dans ses apprentissages), sur les rythmes (la durée des activités pédagogiques), les ressources pédagogiques mises à la disposition de l’apprenant, les outils à disposition du formateur pour animer et de l’apprenant, etc. 

Il est évident que dans la mise en œuvre de formations multimodales et digitales, cette étape ne doit pas être minimisée ni dans le temps nécessaire à sa réalisation, ni dans la nécessité d’avoir des compétences techno pédagogiques.

En attendant de scénariser de jolies formations multimodales bien équilibrées et les plus innovantes possibles, je vous souhaite à tous de belles fêtes de fin d’année. 

crédits photos : rodion-kutsaev-unsplash