Dans l’article précédent, nous avons vu le problème ou plutôt le paradoxe d’une digitalisation des OF rarement harmonieuse, se heurtant à divers obstacles et contradictions.
Pour aider les organismes de formation à assembler avec harmonie les pièces du puzzle, les sociétés de conseil indépendantes ont plusieurs atouts.
- Objectivité : contrairement aux éditeurs (de LMS, de TMS, de CRM, etc.) qui cherchent souvent à promouvoir leur propre produit, elles n’ont aucun intérêt commercial à pousser une solution particulière. Elles s’appuient sur des benchmarks maison (qu’elles réalisent elles-mêmes sur un nombre défini d’applications et de critères), des benchmarks spécialisés (Guide AINOA des LMS), des benchmarks généralistes (Capterra, GetApp), des tests de fonctionnalités (facilement réalisables dans les solutions open source, à la discrétion des éditeurs pour les solutions propriétaires).
- Vision transversale : elles possèdent une connaissance de l’ensemble des offres du marché et des dernières évolutions technologiques ; grâce à une vision 360°, elles sont en mesure d’analyser les différents aspects de la digitalisation, dans les différents services et fonctions de l’organisme de formation. Elles réalisent une double cartographie des écosystèmes techniques :
- une cartographie de l’existant, mettant en évidence les points forts et les points faibles de l’organisme. Exemple de point fort : la création de contenus dans un cloud collaboratif et l’existence de passerelles entre ce cloud et le LMS. Exemple de point faible : un outil auteur pour créer des contenus mobile learning, mais un LMS ne disposant pas d’apps IOS et Android.
- Une cartographie de combinaisons pertinentes. Par exemple, entre une application pour créer des parcours de positionnement organisés en étapes et une application pour créer des questionnaires d’évaluation. Il s’agit là d’un travail d’identification pouvant aller jusqu’à la mise en relation de prestataires informatiques.
La fréquentation de salons Edtech (Learning Technologies, Innovative Learning by eLearning Expo, Educatech), la participation à des webinaires, l’implication dans des groupes de travail au sein d’associations professionnelles sont des outils précieux.
- Prise en compte de l’interopérabilité : elles sont capables d’évaluer la compatibilité entre les différentes applications, de recommander les solutions les mieux interopérables. Il s’agit, par exemple, d’évaluer si les utilisateurs créés dans le TMS sont automatiquement enregistrés dans le LMS et vice versa, si les informations les concernant sont synchronisées, si les temps de connexion dans l’outil de classe virtuelle remontent dans le TMS ou le LMS. Pour ce qui est du déploiement des contenus, il s’agit de vérifier le niveau de compatibilité des LMS avec les standards du elearning (SCORM, xAPI, LTI). Une compatibilité insuffisante, ce sont des traces moins riches, un tutorat moins efficace. Mais, aujourd’hui l’interopérabilité ne se limite pas aux seules applications internes de l’organisme de formation, elle touche aussi les services et plateformes externes avec lesquels il interagit : par exemple France compétences pour la récupération des référentiels de compétences dans le TMS, Open Badges Factory pour la diffusion des badges obtenus dans le LMS.
- Accompagnement stratégique : au-delà des simples aspects techniques, elles sont en mesure de replacer les solutions informatiques dans des problématiques plus larges (pédagogiques, organisationnelles, économiques), au service de la stratégie de l’organisme de formation. Les solutions envisagées répondent-elles vraiment aux besoins des apprenants ? Leur choix est-il le résultat d’un consensus construit avec les différentes parties prenantes : formateurs, responsables de formation, direction informatique, apprenants ? Quels impacts organisationnels auront-elles : missions et compétences nouvelles, postes de travail redéfinis, recrutements ? Faut-il former le personnel à leur appropriation ? Faut-il partager leur coût avec des organismes appartenant au même réseau, à la même région ? Comment évaluer leur efficacité ? Comment faire correspondre le principe de tarification proposé par un éditeur avec le modèle économique de l’OF ? …
Bref ! Dans un secteur où l’innovation technologique est en perpétuelle évolution et où les solutions informatiques se succèdent à un rythme effréné, il est crucial pour les organismes de formation de prendre du recul et de se donner les moyens de définir une stratégie digitale à moyen terme.