A propos des compétences numériques des formateurs

15 Déc

Calendrier du 15 décembre 2021
par Guillaume Singeot
, STRATICE

La place du numérique dans notre société, et plus particulièrement dans l’écosystème du développement des compétences (des apprentissages informels aux formations formalisées) n’est plus une tendance mais une réalité. L’année 2020 n’a fait qu’accélérer la transformation numérique des conditions, des outils et des approches de la formation. Tout comme les compétences d’un boulanger ne se cantonnent pas à savoir fabriquer les pains, les compétences numériques d’un formateur aujourd’hui ne se limitent pas uniquement à préparer ou dispenser une séance de formation.
Après avoir accompagné tout au long de l’année 2020 et 2021, de nombreuses typologies de professionnels de la formation, Stratice constate l’émergence de nouvelles compétences propices à l’usage « en conscience » du numérique :

Evaluer ses propres besoins numériques
Parmi les professionnels que nous avons accompagnés, nombreux sont ceux qui sont confrontés à un manque d’acculturation quant à l’environnement numérique. S’appuyer sur leur organisation de travail peut faciliter leur montée en compétence dans le domaine professionnel mais ne garantit pas l’usage du numérique dans des usages d’ordre plus privés. Nous avons constaté que bien souvent l’usage des outils numériques dans la vie privée conditionne l’usage professionnel.
Par exemple : configurer un accord parental sur le service de streaming vidéo, recevoir moins de mails, mieux configurer son navigateur internet pour limiter la publicité, synchroniser différents comptes, changer de profil sur un service…

Entretenir ses propres moyens de montée en compétences numériques
C’est peut-être là l’enjeu principal : devant la rapidité à laquelle les usages changent, aussi bien dans nos vies privées que dans nos vies professionnelles, nos compétences peuvent rapidement devenir obsolètes. Ainsi, il devient pertinent non seulement de savoir rechercher une information mais aussi d’entretenir la qualité de ces flux d’informations.
Par exemple : veille professionnelle collective mais surtout individuelle, participation sur les réseaux sociaux, inscription à des communautés d’intérêt commun, participation à des évènements sur ses sujets d’intérêts…

Renforcer ces activités collaboratives
S’il a existé un temps ou un formateur pouvait œuvrer seul, l’année 2020 a bien montré que les usages numériques demandaient une implication plurielle. Ainsi, les professionnels qui n’étaient pas habitués à collaborer se sont retrouvés fort démunis. Développer ses usages et ses compétences passe donc par la réalisation d’activités collaboratives. L’engagement régulier au sein de ces activités fait partie de l’accompagnement au changement : les autres participants nous encouragent à améliorer nos propres pratiques.
Par exemple : s’engager dans une association, participer à l’animation d’un évènement local, fréquenter un tiers-lieu, collaborer sur les réseaux sociaux…

Se positionner en utilisateur vertueux du numérique
Il va bien falloir que nous nous appliquions à nous-mêmes les conseils d’utilisation du numérique que nous partageons avec nos publics. Il en va du respect réglementaire du RGPD ou plus largement de l’utilisation éthique des données personnelles mais aussi des questions de souveraineté des données et de sobriété numérique.
Par exemple : libérer régulièrement de l’espace sur ses espaces de stockage en ligne, utiliser des outils respectueux des données personnelles, respecter les droits de propriété intellectuelle, s’inscrire dans l’usage des licences Creative Commons, suspendre la synchronisation de certaines données de son téléphone…

En 2019, une étude de l’Insee* montrait que 38 % des usagers manquent d’au moins une compétence numérique de base. Un tel pourcentage montre bien que cela inclut toutes les catégories de la population, y compris celle des professionnels de la formation. Même s’il est fort probable que les usages numériques se soient développés dans nos domaines d’activités lors des années 2020 et 2021, il serait dommage de ne pas prendre en compte les usages personnels que nous pouvons rencontrer. Ainsi, le numérique en organisme de formation reprendrait la place qu’il n’aurait pas dû quitter : celle d’un outil levier à nos activités.

https://www.insee.fr/fr/statistiques/4241397

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