Développement individuel et collectif

22 Déc


Calendrier du 22 décembre 2021
par Guillaume Singeot
, STRATICE

Prenons un peu de recul sur ce qui s’est passé au cours des 2 dernières années : autant pour certains le temps s’est arrêté, suspendu aux confinements et autres couvre-feux, autant pour d’autres tout est allé très vite, peut-être trop vite, devant faire face aux aléas du télétravail et à la mise à distance de leurs activités.

Les professionnels de la formation se sont adaptés et ont continué à accompagner leur public tout au long de cette période. Ne leur avons-nous pas apporté autre chose que ce qui apparaît dans nos programmes de formation, nos conventions et nos contenus de formation ?

Au-delà d’une vision quelque peu utilitariste de la formation (apprendre un métier, développer de nouvelles compétences professionnelles, certifier certaines compétences…), Cette période a permis à la formation de retrouver ses lettres de noblesse en permettant de créer du lien social entre des personnes bien souvent isolées et en les préparant à ce que certains appellent le monde de demain. Bien loin d’un numérique froid et synthétique, nous nous sommes efforcés de montrer que la distance n’empêchait pas la création d’interaction sociale à condition d’en maîtriser les outils et les codes. Alors bien sûr, certains de nos apprenants peu enclins à être confinés se sont sentis perdus dans ce nouvel univers virtuel. Pour autant en maintenant ce lien à travers la continuité pédagogique, nous avons sensibilisé une grande partie de la population à un nouveau type d’interaction sociale.  

Que restera-t-il dans les mois, les années à venir, de ces nouvelles expériences ? Après tout, la formation reste un temps court à l’échelle d’une vie humaine. Nous avons contribué à planter une graine et c’est maintenant, individuellement, que nos apprenants peuvent capitaliser et en réaliser la portée. Alors oui le présentiel a encore de beaux jours devant lui, cependant on voit déjà dans les organisations que le télétravail attire de plus en plus de personnes pour sa flexibilité, que les réunions de travail à distance peuvent être une solution aux questions de mobilité, de temps consacré aux déplacements. 

Ces nouvelles expériences ont également impacté nos vies personnelles : entre les apéros visio et la possibilité de voir nos proches les plus éloignés directement avec nos téléphones, nous avons transformé notre propre regard sur la société. Aujourd’hui, pourquoi nous déplacer pour un rendez-vous avec notre conseiller bancaire alors même que nous pouvons faire une consultation médicale à distance ? Pourquoi nous déplacer au restaurant alors que nous pouvons commander et nous faire livrer les mêmes plats à domicile ?

Bien sûr, il ne s’agit pas de faire table rase de ce que nous appelons le monde d’avant mais plutôt de souligner que de nouveaux usages, de nouvelles pratiques, aussi bien professionnels que personnels sont apparus au cours des derniers mois et vont, pour certains, considérablement impacter la société d’aujourd’hui et de demain.

De nouveau, la formation retrouve là ses lettres de noblesse : elle va être amenée à préparer les individus à ces nouveaux codes sociaux. Quelle que soit la durée de nos interventions, nous nous devons de faciliter la transition de nos publics vers ces nouvelles pratiques et ces nouveaux outils. Le rôle sociétal de la formation peut donc être souligné, être renforcé. Au-delà de la maitrise sur le champ professionnel des outils, c’est surtout aux usages pour faire société qu’il faudra nous intéresser si nous souhaitons inclure nos publics les plus rétifs ou les plus éloignés du numérique.

De nouveau, la formation retrouve là ses lettres de noblesse : elle devra tenir compte et faire appel à l’ensemble des acteurs, publics comme privés. Pour réduire la fracture numérique et permettre à chaque foyer de disposer du matériel adéquat, il faudra bien que des politiques publiques soient mises en œuvre à l’échelle au moins européenne.

Beaucoup se demandent si la formation post- crise sanitaire sera la même que celle d’avant 2020. À titre personnel je souhaite profondément que la formation change. Depuis de nombreuses années en France, nous avons vu différentes politiques nationales transformer la formation en usine à certification dans une vision très utilitariste. Il me semble souhaitable que la formation professionnelle, appelée à une époque « éducation des adultes », se rapproche de ses racines si chères à Condorcet, celles qui permettent à la fois aux individus de s’épanouir, de faire société ensemble dans un monde en complète évolution. 

Nous vivons définitivement une période passionnante !   

crédits photos : elena-mozhvilo-unsplash