La bi-modalité en formation

10 Déc


Calendrier du 10 décembre 2021
par Isabelle DREMEAU
, l’Atelier du formateur

J’ai testé la bi-modalité en formation !
Ou devrais-je plutôt dire la co-modalité ? D’ailleurs, qu’est-ce qui les différencie ?
La bimodalité telle que la définit le site Eductive.ca (ex Profweb.ca) est une formation donnée simultanément en présentiel à des stagiaires présents dans la salle et à distance. Les apprenants à distance se connectent de chez eux grâce à un système de visioconférence classique (Zoom, Teams ou Big Blue Button) pour pouvoir participer en direct au cours. L’enseignant est présent physiquement dans la salle.
Si l’on suit la définition proposée par nos collègues enseignants de l’Université de Laval au Québec, la comodalité correspond, elle, a un dispositif dans lequel le choix par les apprenants de la modalité d’enseignement est au centre du dispositif : les stagiaires peuvent décider de suivre leur parcours avec un cours en présentiel, à distance en synchrone ou asynchrone ou de travailler en blended learning.
Je me trouvais donc bien dans la première configuration lorsque j’ai accueilli un groupe de stagiaires réunis pour la journée dans une salle de formation et connectés à distance pour quatre d’entre eux. Chose importante : je pouvais compter sur un équipement dédié installé déjà en place, n’impliquant pas de ma part de préparation particulière : une webcaméra orientée pour balayer toute la salle et un micro qui capte les interventions même lorsque l’on se trouve au fond de la salle. Il m’a suffi de cinq minutes en début de session pour connecter la salle à la visioconférence et m’assurer que les stagiaires distants étaient à l’heure au rendez-vous ! Image et son parfaits, le vidéoprojecteur retransmet sur l’écran central le partage d’écran de mon ordinateur et les webcams des stagiaires distants. La session pouvait commencer.
Pour une formation ayant comme thématique « les outils numériques dans sa pratique pédagogique », le déroulé du cours avec l’utilisation d’outils collaboratifs (Padlet, Conceptboard) et d’animation de groupe (Mentimeter, Wordwall) se prêtait très bien au dispositif de bi-modalité. En ce qui concerne l’accessibilité aux ressources et l’interactivité avec la salle, les stagiaires à distance n’ont pas rencontré de difficultés particulières.
Au fil de la journée, je me suis vite rendu compte que l’exigence du dispositif résidait plus dans l’animation pédagogique de la séance que dans la configuration technique. Plusieurs fois, j’ai dû prendre le temps de solliciter les personnes distantes qui n’ont pas le même réflexe de participation qu’en présentiel. L’interaction est plus directive et oblige les connectés également à plus de concentration car ils entendent tous les bruits dans la salle. A la fin de la journée, cependant c’était mission accomplie : Chacun avait pu tirer profit de sa journée de formation !
C’est donc avec la même énergie que je me suis lancée dans la deuxième expérimentation même si cette fois, le contenu de formation – un travail sur les visuels en formation – et le contexte étaient un peu différents. Ce jour-là, la mise en place de la bi-modalité s’est faite lors de l’accueil des stagiaires, trois d’entre eux préférant se mettre à distance du groupe, mesures sanitaires obligent ! Comme tout formateur sachant s’adapter aux circonstances, confiante de ma première expérience et en commun accord avec le groupe : c’est en bi-modalité que l’on a démarré la journée.
La connexion par visioconférence fut rapidement établie avec les deux postes distants – les stagiaires étant présents dans l’établissement sur même étage à quelques mètres seulement de la salle de formation. Une fois de plus, pas de problème technique particulier mais une journée marathon, durant laquelle j’ai arpenté plusieurs fois les couloirs pour aller auprès de stagiaires éloignés afin de répondre à leurs questions ou de les accompagner dans l’évolution de la construction de leur ressource. Heureusement que ce jour-là ils n’étaient que trois à être à distance !
Former des groupes en bi-modalité ? Après le « Pourquoi pas ? » du début, je réponds maintenant « oui, mais … ». Je dis « oui », parce que c’est une solution à un besoin des formateurs confrontés à des problèmes de disponibilité et de distance vers les lieux de formation. Je dis « oui, mais… » car l’installation technique doit le permettre (une webcam externe et un micro-pieuvre peuvent suffire).
Faire un cours en bi-modalité est une gymnastique nouvelle pour le formateur. C’est assez exigeant physiquement et cela demande aussi plus de concentration. Être à l’aise avec les outils numériques et les pédagogies actives facilite la mise en œuvre mais cela implique que les apprenants connectés le soient également ou qu’ils puissent bénéficier d’une aide auprès d’eux.
Former des groupes en bi-modalité ? Je dis « oui », mais … car jusque-là je n’ai encore expérimenté qu’avec de petits groupes !

Crédits photos : bianca-ackermann, unsplash