Pourquoi le tutorat reste encore le parent pauvre du digital learning ?

07 Déc

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La recherche d’équilibre lors de la mise en place d’un digital learning est essentielle, non seulement à sa production mais également à sa diffusion auprès des publics visés. Il est remarquable que cet équilibre n’ait pas été atteint par de nombreux dispositifs, quelle que soit la forme que la formation à distance ait pu prendre au fil de son histoire. Des cours par correspondance jusqu’aux MOOC, les constats ont pourtant toujours été les mêmes, sans accompagnement des apprenants, sans tutorat, les taux d’abandons peuvent dépasser les 90 %. Dans de trop nombreux dispositifs, le déséquilibre est patent entre les moyens humains, matériels et financiers consacrés aux phases de conception et de production et ceux dédiés à l’animation et à l’accompagnement des apprenants lors de la diffusion.

Pourquoi, donc, faudrait-il faire l’impasse sur le tutorat quand celui-ci est en mesure d’inverser la proportion des abandons et des taux de complétion par rapport à un digital learning qui en est dépourvu ? Est-ce que les commanditaires sont plus intéressés par les nouveautés technologiques mais aussi par les avantages de communication qu’elles leurs confèrent que par la réussite des apprenants déclarés autonomes ? Est-ce que les concepteurs sont-ils tellement persuadés de la qualité de leurs scénarios et des ressources pour oublier qu’en matière de formation, tout comme en communication, le récepteur compte bien davantage que l’émetteur et que cela suppose autant de médiation que de médiatisation ? Est-ce que les financiers, dès lors qu’il s’agit de digital learning, deviennent incapables d’intégrer les coûts variables du tutorat à leurs modèles économiques ?

Pourtant, les raisons d’être du tutorat sont nombreuses. D’une part, il permet de réduire l’isolement de l’apprenant, il lui donne les moyens de persévérer, il est un facteur non négligeable de sa réussite, d’autre part, il est un argument concurrentiel indéniable pour l’institution qui le propose et il peut améliorer le retour sur investissement dès lors qu’on ne se limite pas à le calculer de manière superficielle mais en incluant les bénéfices que les niveaux deux, trois et quatre de Kirkpatrick permettent d’identifier tant pour les apprenants que pour leur organisation (https://sfc.unistra.fr/la-formation-continue-a-luniversite/des-formations-evaluees-et-certifiees/le-modele-kirkpatrick/).

S’il existe un consensus assez large pour reconnaître au tutorat un intérêt pédagogique et qu’il est bien rare de voir développer des arguments contre l’idée même, il faut bien reconnaître que sa mise en œuvre est plus rare… Il suffit pourtant à chacun, commanditaire, concepteurs, financiers, formateurs de penser aux apprenants réels et non à l’apprenant rêvé pour se décider à dimensionner les services tutoraux qui bénéficieront à leurs apprenants.

Jacques Rodet – Expert digital learning
https://sites.google.com/site/jacquesrodet/


Commentaires (1)

  • Jacques Rodet

    Le titre de ce billet fait bien évidemment référence à la regrettée Geneviève Jacquinot qui en 2000 intitulait une de ses interventions « Le tutorat : pièce maîtresse et pourtant parent pauvre des systèmes et dispositifs de formation à distance »
    http://www.inrp.fr/biennale/5biennale/Contrib/194.htm

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