Quel écosystème numérique pour l’organisme de formation en 2018 ?

21 Déc

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Dans un précédent article du 05 décembre, j’abordais la question du sens dans lequel devait être abordée la stratégie numérique de l’organisme de formation : Top-Down ou Bottom-Up ? Cette réflexion peut être appliquée aux outils numériques : les outils doivent-ils être imposés par l’institution ou être laissés au libre choix des formateurs ?

Solution numéro 1 : des outils numériques institutionnels
Il est assez fréquent de voir la direction d’un organisme de formation s’emparer de la question des outils à déployer dans la structure. Ce sujet lui semble bien entendu légitime car il relève le plus souvent des investissements et elle a adopté dans le passé la même démarche pour choisir les logiciels comptables et financiers ou encore le CRM. Quand arrive le projet digital learning, les directeurs et leurs comités de direction élaborent la stratégie digitale de l’OF et passent à la mise en œuvre du plan d’action. Forts de leurs réflexions, des échanges qu’ils ont eu avec des confrères, ils entament alors la consultations d’éditeurs de solutions logicielles et de prestataires de services qui leur fourniront, LMS, outils auteurs ou classes virtuelles. Cette approche a pour premiers avantages d’être rationnelle, de permettre des économies d’échelle dans le cas de sites multiples, de garantir la cohérence technique avec l’ensemble des outils numériques et de gagner du temps en terme de déploiement.
D’autres avantages sont à mettre au crédit de cette approche : garantie de compatibilité et de portabilité des ressources créées puis de leur mutualisation, formations standardisées, partage d’expérience facilitée, …
Mais elle peut se heurter à plusieurs difficultés. La première est que les formateurs, voire les établissements non décisionnaires, se sentant dépossédés des choix qui vont orienter leurs méthodes de travail, rejettent ou adhèrent peu à l’usage de ces outils. Attachés à leur autonomie au sein de leur salle de cours, peu habitués à mutualiser leurs ressources ou leurs progressions pédagogiques, ils risquent d’utiliser a minima ces outils. Un échec du développement du digital learning sera alors attribué à des outils inappropriés alors que le problème est ailleurs.

Solution numéro 2 : laisser chaque formateur choisir ses outils
Dans la plupart des cas, cette solution n’a pas attendu une prise de décision en bonne et due forme de la structure. Nombreux sont les formateurs, d’enseignement général comme d’enseignement professionnel, qui se sont lancés dans des expérimentations. La direction de l’OF peut dans ce cas : soit laisser se poursuivre naturellement les initiatives individuelles, soit les accompagner en valorisant les usages, les résultats, par des temps consacrés aux retours d’expériences, aux transferts de compétences entre formateurs. Ces derniers peuvent prendre la forme de formations formelles ou d’ateliers de courte durée dont l’organisation et la participation sont laissées à l’initiative des formateurs eux-mêmes. Du côté des outils, ceux dits du Web 2.0 sont les plus courants. Ils ont pour avantages d’être gratuits (dans la plupart des cas), facile d’accès sur le web et à la prise en main rapide (si peu que l’on possède quelques notions d’anglais).
Cette solution a bien entendu pour avantage de laisser aux formateurs toute la liberté pédagogique possible, sans occasionner de dépenses pour le centre. Elle comporte toutefois de nombreux risques. Si elle n’est pas accompagnée, l’initiative individuelle restera une expérience solitaire dont personne d’autre ne tirera profit. Elle peut aussi se solder par un échec ou à peine mieux par une lassitude face à un travail qui peut devenir chronophage sans support extérieur.
En cas d’échec du développement du numérique dans l’ensemble de l’établissement, il risque d’être bien difficile de déterminer qui doit en assumer la responsabilité.

La solution ne serait-elle pas dans une stratégie de type « en même temps » ?
Comme nous l’avons vu plus haut, les outils institutionnels garantissent homogénéité et pérennité des investissements tout en favorisant la mutualisation. Les équipes pédagogiques peuvent en outre être associées à leur choix, elles ne seront que plus impliquées.
Donner la possibilité aux formateurs d’expérimenter des outils satellites (type web 2.0), proposés par quelques formateurs innovants, permet à la direction de leur laisser un espace de liberté. On pensera par exemple à des usages au sein de la classe avec des outils favorisant l’interactivité ou à la classe inversée mobilisant différents médias. Les compétences acquises dans les différents environnements ne rentrent pas en concurrence mais s’additionnent.

Ainsi les expérimentations individuelles viennent enrichir le projet stratégique alors que les outils institutionnels, sortes de  colonnes vertébrales numériques, donnent du sens et de la stabilité à la transformation digitale de l’organisme de formation.

Jean-Luc Peuvrier – Stratice


Commentaires (1)

  • Auvergne CRI

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