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Intégrer le numérique dans une formation est loin d’être une sinécure. On s’appuie sur des bonnes pratiques, sur des tutoriels mais on parle peu de l’état d’esprit du formateur qui doit jongler avec toutes ces applications pour les adapter au mieux à sa pédagogie! Plus besoin de sensibiliser les formateurs à la nécessité d’utiliser l’outil numérique pour créer leurs propres ressources, pour organiser ou dynamiser un cours, la plus-value pédagogique est visible. Par contre il est plus difficile d’évoluer vers l’étape suivante : utiliser le numérique comme objet pédagogique d’apprentissage.

Quel que soit l’outil utilisé, que l’on parle de présentation interactive, d’une animation de type quiz réalisée en grand groupe, de travail collaboratif ou encore d’une réalisation enrichie avec des éléments multimédia, c’est entre les mains de l’apprenant créateur de ressources et non seulement pour le formateur que les outils numériques se révèlent être intéressants.

Ainsi le temps de la présentation et de l’appropriation de l’outil numérique passé – côté formateur comme côté apprenant –  arrive une phase essentielle quand on travaille avec les outils numériques en formation : c’est la phase d’exploration.

Elle est fondamentale. D’une durée variable de 20 à 30 minutes, elle oblige l’utilisateur à une interrogation personnelle de ce qu’il va pouvoir apprendre puis réaliser et partager avec d’autres apprenants. L’enseignant devient lors de cette phase un observateur attentif qui accompagne les apprenants dans leurs réalisations et mais qui n’intervient plus de manière aussi cadrée que lors d’une situation classique de cours en présentiel.

Dans cette nouvelle posture de « lâcher prise », le formateur se trouve contraint à prendre du recul, à donner du lest à ses apprenants pour qu’ils puissent découvrir de manière autonome les moyens de travailler sur la tâche avec l’outil numérique qu’on leur propose.

Et c’est le numérique qui fait tout le travail …

Le numérique implique des changements qui peuvent déstabiliser l’enseignant : Les apprenants ont la possibilité de faire un choix dans leur manière d’apprendre et de s’arrêter sur celui qui les inspire et les motive le plus. Les formats d’apprentissage sont variés, les modèles d’exercices interactifs également. Le passage par l’utilisation de ces outils laisse une grande place à la créativité, éloigne de l’attention posée sur la mémorisation des connaissances pour amener les apprenants à structurer leurs pensées différemment.

Le numérique leur donne aussi le droit de se tromper, de recommencer, de développer des compétences qui leur étaient inconnues jusque-là.

Comme le souligne Michel Serres « Les nouvelles technologies nous ont condamnés à devenir intelligents ». Dans le domaine de la formation, elles poussent en plus le formateur à accepter cette posture d’ouverture où il devra s’autoriser à ne plus tout contrôler.

Isabelle Dremeau – Consultante formatrice