Quelle est la valeur du tutorat ?

13 Déc

.
Les coûts du tutorat étant essentiellement variables, puisque corrélés au nombre d’apprenants, la promesse de la massification de l’accès à la formation pousserait-elle à négliger ou à abandonner toute ambition d’accompagnement des apprenants d’un digital learning ? Le tutorat ne mérite-t-il pas d’être financé, non pas avec les queues de budget, comme c’est trop souvent le cas, mais à partir des résultats d’une ingénierie tutorale rigoureuse ? Les abandons que le tutorat permet de réduire fortement n’ont-ils pas un coût ?

Il n’existe pas de pied à coulisse qui permettrait de calculer le coût du tutorat comme il n’existe pas de chiffrage spontané d’un digital learning indépendamment de son volume et de son niveau de médiatisation. Chiffrer demande de calculer et pour ce faire, il est nécessaire de se baser sur des données.

Ces données peuvent être convoquées ou produites par les différentes actions de l’ingénierie tutorale (https://sites.google.com/site/ingenierietutorale/) dont les principales sont l’analyse des contraintes contextuelles pesant sur l’accompagnement des apprenants, le recueil et la priorisation des besoins de soutien des apprenants, l’identification des différents profils de tuteurs, la conception d’un scénario tutoral précisant le nombre, le positionnement et la quantification des interventions tutorales proactives, la détermination d’un forfait alloué aux interventions tutorales réactives, les moyens engagés pour la formation des tuteurs, leur professionnalisation et l’amélioration de leur productivité.

Vu d’abord comme un poste de coûts supplémentaire, le tutorat est souvent négligé du fait que son modèle économique (coûts essentiellement variables) est le reflet inverse de celui du digital learning (coût essentiellement fixes). Si le but de ce dernier est de réduire les coûts de la formation pourquoi renchérir celle-ci avec du tutorat ? Telle est la conclusion rapide à laquelle nombre d’organisations tout comme leurs fournisseurs de solutions techniques aboutissent pour ignorer le tutorat. Bien évidemment, les services tutoraux ont un coût, mais dans la mesure où ils permettent à davantage d’apprenants d’atteindre leurs objectifs de formation, ils économisent le coût des abandons. Un digital learning ayant un coût de 20 000 € et visant cent apprenants, ce n’est pas moins de 200 € investis à perte pour chaque abandon. D’autres coûts indirects sont liés au manque de compétences développées qui ne permettront pas aux personnes ayant abandonné, d’être plus efficaces à leur poste de travail. La désaffection de certains collaborateurs pour toute nouvelle inscription à un digital learning, puisque leur expérience précédente s’est traduite par un échec, a également un coût qui n’est pas seulement sonnant et trébuchant.

Parce que le tutorat réduit les abandons et facilite la réussite, il dégage de la valeur, et il ne peut donc être considéré comme la dépense à éviter mais bien plus comme une source de profit, d’abord pour les apprenants, mais aussi pour l’organisation où ils travaillent et pour l’organisme qui dispense la formation. Tout comme les coûts d’un digital se prévoient, ceux du tutorat doivent être calculés et ne devraient pas être la variable d’ajustement du modèle économique du digital learning.

Jacques Rodet – Expert digital learning
https://sites.google.com/site/jacquesrodet/


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas affichée.